La prescription pour guérir l’Arménie
(Partie 1)
Pendant des années, les relations entre l’Arménie et la diaspora n’ont pas été institutionnalisées, et il est nécessaire de créer un cadre clair dans lequel ces relations acquerront un caractère officiel. L’une des options possibles est la création d’un organe représentatif, un Sénat, dont les élections pourraient être organisées tous les cinq ans, sur la base d’un député pour 50 000 Arméniens, par vote électronique ou autre.
Lilit Dallakyan
Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire de réévaluer et de repenser les échecs commis au cours des près de 30 ans d’indépendance de la République d’Arménie, notamment en ce qui concerne les relations avec la diaspora et une solution juste et pro-arménienne au conflit du Haut-Karabagh. Au cours de l’existence de la Troisième République d’Arménie, les relations entre l’Arménie et la diaspora n’ont pas été institutionnalisées de manière à permettre d’exploiter l’énorme potentiel de la diaspora au profit des Arméniens et de la prospérité de l’État arménien indépendant. L’élément clé pour renforcer et assurer la prospérité de la République d’Arménie est d’élever les relations entre l’Arménie et la diaspora à un niveau institutionnel.
Pendant des années, les relations entre l’Arménie et la diaspora n’ont pas été institutionnalisées, et il est nécessaire de créer un cadre clair dans lequel ces relations acquerront un caractère officiel. Une des options possibles est la création d’un organe représentatif, un Sénat, dont les élections pourraient être organisées tous les cinq ans, selon le principe d’un député pour 50 000 Arméniens, par vote électronique ou autre. Les organisations arméniennes opérant dans des communautés de moins de 50 000 habitants pourraient soumettre des propositions au Sénat, lesquelles seraient discutées en urgence. Si cette idée est acceptée, je suis prêt à soumettre des propositions pour discussion, notamment concernant la formation du Sénat, son financement, la réglementation de ses activités, ainsi que les relations entre le Sénat et l’État et les organes d’autonomie locale de la République d’Arménie.
Dans notre réalité, peu de pays sans ressources énergétiques abondantes se concentrent sur les hautes technologies et les ressources humaines dans leur stratégie nationale. Aujourd’hui, Taïwan est devenu le premier fournisseur mondial de puces technologiques avancées et est capable de contrebalancer une superpuissance comme la Chine, bénéficiant du soutien des principaux pays, dont les États-Unis, pour protéger ses frontières. On parle beaucoup de la nécessité de mettre en œuvre une formule de sécurité globale, dans laquelle les petits États parviennent à sécuriser leurs frontières malgré des risques de dommages importants. Un exemple marquant est le déroulement et l’issue de la guerre entre l’URSS et la Finlande.
L’expérience des pays dotés d’une diaspora établie prouve que, dans le cadre de l’élévation des relations entre la patrie et la diaspora à un niveau qualitativement nouveau, en les rendant mutuellement bénéfiques et en résolvant les problèmes nationaux, la diaspora peut devenir un facteur clé dans les trois principales directions d’activité suivantes :
a) Combiner et harmoniser les intérêts des pays avec ceux des États représentant la diaspora, pour le bénéfice de la patrie ;
b) L’intervention de la diaspora sur les questions mondiales actuelles, afin de neutraliser toute réputation de structure au service des intérêts arméniens dans le pays de résidence. Un exemple frappant en est le lobby israélien, qui reçoit un soutien sous couvert de lutte contre le terrorisme à l’échelle mondiale et au Moyen-Orient pour assurer la sécurité de son État.
c) La mise en œuvre d’activités de lobbying non publiques dans la vie sociale et politique des pays de la diaspora et dans d’autres domaines, y compris en soutenant les personnalités et les structures qui protègent la République d’Arménie et les intérêts arméniens, ce qui vise en fin de compte à assurer le bien-être de l’Arménie et à en faire une patrie avec un niveau de sécurité élevé, compétitive, démocratique et prospère.
Il est nécessaire de se débarrasser de la politique d’écrasement de la diaspora arménienne fondée sur l’affiliation à un parti, car elle sert avant tout les intérêts de nos ennemis et est sans aucun doute encouragée, voire dirigée d’une manière ou d’une autre, par le Kremlin. Nos adversaires ont compris depuis longtemps qu’une politique saine et unie entre l’Arménie et sa diaspora est dangereuse et destructrice pour leur politique anti-arménienne, car notre diaspora possède deux caractéristiques importantes : elle jouit d’un grand prestige parmi l’élite du pays de résidence, crée des liens influents et est porteuse de tout le patrimoine technologique du monde développé, dont la maîtrise est aujourd’hui tout aussi cruciale que la possession de ressources énergétiques. C’est pour cette raison que le président turc Erdogan tente constamment de creuser un fossé dans les relations entre l’Arménie et sa diaspora, une manœuvre malheureusement répercutée par les autorités arméniennes sans qu’elles en soient conscientes.