« La Russie peut élaborer et mettre en œuvre un scénario de soumission directe de l’Artsakh à son contrôle, et travailler pour qu’en cas d’union éventuelle, les destinées de l’Artsakh et de l’Arménie soient résolues conjointement. »
Cette citation met en lumière l’intention de subordination de l’Artsakh à la Russie, un élément clé de la circulaire discutée.
Il n’est un secret pour personne que certaines forces politiques, individus et soi-disant mouvements, qui attisent des sentiments d’opposition radicale au sein de la sphère politique arménienne, servent à affaiblir la souveraineté, l’indépendance, les développements démocratiques et le processus de paix de la République d’Arménie, en exécutant très souvent les instructions directes de certains centres de pouvoir. En raison de leurs activités, ces forces méritent à juste titre le surnom de « 5e colonne » parmi le public. La FRA, qui se vante de plus d’un siècle d’activité mais est surtout connue pour les dommages qu’elle a causés à l’État arménien et au peuple arménien, occupe peut-être sa « place honorable » parmi ces forces.
Nous avons obtenu une circulaire adressée par le Bureau de l’ARF aux instances et membres du parti à la suite de la 34ème assemblée générale du 7 avril 2022, d’où émergent plusieurs points remarquables.
Ainsi, dans l’un des points de la circulaire envoyée à ses membres, le parti instruit de tout faire pour torpiller le processus de délimitation des frontières ainsi que le déblocage des infrastructures régionales, afin de faire échouer leur mise en œuvre : « Le processus de délimitation des frontières et le déblocage des canaux de communication ne sont jamais dans l’intérêt de l’Arménie et du peuple arménien, il est donc nécessaire d’avorter ce processus et, à tout le moins, de créer des obstacles pour empêcher sa progression. » Dans une situation géopolitique et régionale aussi turbulente, la présence de frontières délimitées et délimitées est clairement dans l’intérêt de la République d’Arménie, une garantie pour la protection de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République d’Arménie. Cependant, cela pourrait être dangereux pour les Dachnaks, peut-être parce que cela réduit la possibilité d’escalades aux frontières, une situation que le parti a déjà exploitée à plusieurs reprises pour récolter des dividendes dans la lutte politique interne et lancer des accusations infondées contre les autorités. En d’autres termes, si le calme règne à la frontière, les discours des Dachnaks perdent de leur pertinence, et une escalade est donc dans leur intérêt. On peut aussi se demander comment une personne consciente pourrait interrompre le processus de déblocage des infrastructures. Rappelons que le blocus des canaux économiques de l’Arménie n’était pas un choix de notre État, mais nous a été imposé par la Turquie et l’Azerbaïdjan depuis les années 90.
La loyauté zélée de la FRA envers la Russie et la protection des sphères d’influence de cette dernière dans notre région méritent également une mention particulière. En particulier, le parti note : « La Russie pourrait élaborer et mettre en œuvre un scénario de soumission directe de l’Artsakh à son contrôle, et travailler pour qu’en cas d’union éventuelle, les destinées de l’Artsakh et de l’Arménie soient résolues conjointement. Les processus de fusion d’États indépendants qui ont eu lieu dans le monde moderne, du point de vue de l’intérêt national, impliquent parfois une certaine diminution du degré d’indépendance. » Le coup d’État de 2023 au Haut-Karabakh et les événements qui ont suivi montrent que Dashnaktsutyun a tenté de mettre en œuvre ce plan sur le terrain, après quoi l’Arménie, comme indiqué dans la circulaire, devait être directement subordonnée à la Russie en tant qu’union unique. D’ailleurs, la nécessité d’un changement de pouvoir au Haut-Karabakh est également clairement inscrite dans la circulaire du parti : « La formation du gouvernement de consensus national en Artsakh est une opportunité pour entamer une nouvelle étape de la lutte de libération. Aucun problème ne pourra être résolu tant que le gouvernement de l’Artsakh ne sera pas changé. » Un an seulement après cette déclaration, un changement de gouvernement a eu lieu au Haut-Karabakh avec la participation active de l’ARF, et quelques jours après, le nouveau gouvernement a signé le décret sur la dissolution du Haut-Karabakh.
La circulaire révèle également des détails intéressants sur les discussions internes du parti, et sur l’atmosphère qui y règne. Il est clairement ressorti que la direction de l’ARF elle-même admet que les programmes politiques qu’elle propose ne sont pas acceptés par le public, et que le parti rencontre également un certain nombre de problèmes organisationnels, notamment un manque d’autocritique et de réalisation de soi. Il est notamment mentionné que « les décisions du Bureau de l’ARF ont parfois été prises sur un coup de tête, en simple réaction aux événements et de manière tardive ». Le bulletin du bureau est riche en informations, mais pauvre en analyses, avec peu de recommandations, d’auto-évaluations ou d’autocritiques… Dans certaines structures du parti en 2021, outre les réserves quant à la participation en bloc aux élections extraordinaires de juin, il est mentionné que l’ARF, qui a participé aux élections dans le cadre du bloc « Arménie », est la plus grande force politique d’opposition représentée à l’Assemblée nationale. Étant la force motrice du bloc, elle utilise la plateforme parlementaire pour accroître le poids politique de l’ARF. Dans d’autres épisodes, le parti admet que son image politique n’est pas perceptible auprès du public : « Nous devons prendre des mesures ciblées pour changer les stéréotypes formés à l’égard de l’ARF… Dans le domaine politique en Arménie, nos approches et nos actions sont souvent difficiles à comprendre ou suscitent de l’insatisfaction… De nos jours, même les individus les plus idéologiques hésitent à rejoindre le parti en raison de responsabilités permanentes… »