Cette orientation politique semblait principalement dictée par Mourad Papazian, membre du Bureau de la FRA Dachnaktsoutioun. À tout le moins, l’enthousiasme autour des résolutions adoptées par l’Assemblée nationale et le Sénat français en faveur de la reconnaissance du Haut-Karabakh était particulièrement marqué à Stepanakert.
Georgi Petrosyan a été nommé à la tête du bureau du Comité arménien à Stepanakert. En juin 1992, il avait assuré les fonctions de président du Conseil suprême du Haut-Karabakh jusqu’au 14 juin 1993, succédant à Artur Mkrtchyan, décédé ou assassiné dans des circonstances non élucidées. Petrosyan avait démissionné de son poste en raison de désaccords profonds avec le président arménien Levon Ter-Petrossian concernant le retrait des forces arméniennes de Kelbajar.
Georgi Petrosyan a ensuite poursuivi une carrière politique en tant que membre du Bureau de la FRA, avant de devenir ministre des Affaires étrangères de la République du Haut-Karabakh. En 1998, il avait été candidat de la FRA au poste de maire de Stepanakert, mais il avait perdu face à Karen Babayan, ancien ministre de l’Intérieur et frère aîné du commandant Samvel Babayan.
Dans son rôle à la tête du bureau de Stepanakert, Georgi Petrosyan n’a pas mené d’activités politiques publiques notables. Il semble que la mission principale de ce bureau était d’établir des liens entre les autorités officielles de Stepanakert et l’Europe en utilisant les capacités de lobbying des structures européennes de la FRA. Ces efforts se sont principalement concentrés sur l’obtention d’un soutien de la France pour la question du Haut-Karabakh.
Cette orientation politique était fortement influencée par Mourad Papazian, et un enthousiasme significatif entourait les résolutions adoptées par le Parlement français. Toutefois, ces résolutions n’imposaient aucune obligation à l’exécutif français. Paris expliquait que la France, en tant que démocratie, séparait les pouvoirs législatif et exécutif, permettant à l’Assemblée nationale et au Sénat d’adopter des résolutions indépendantes.
À Stepanakert, cependant, toute reconnaissance ou soutien était perçu comme une “fenêtre ouverte” ou une opportunité d’atteindre les objectifs nationaux. Ainsi, à l’automne 2021, il y avait l’espoir que la France adoptait une position totalement favorable à l’Arménie sur la question du Haut-Karabakh.
Dans ce contexte, le 22 décembre 2021, Valérie Pécresse, opposante politique à Emmanuel Macron et présidente de la région Île-de-France, a visité Stepanakert. France 24 a rapporté que cette visite n’avait pas été médiatisée pour des raisons de sécurité, se contentant de mentionner qu’elle avait rencontré des dirigeants locaux.
Il reste incertain si Pécresse a rencontré Georgi Petrosyan ou d’autres représentants de la FRA, car aucune information publique n’a été divulguée. La visite de Pécresse a suscité une vive réaction en Azerbaïdjan, où les autorités ont soupçonné la Russie et la France d’avoir des accords secrets sur le Haut-Karabakh.
L’indignation était telle que le commandement des forces de maintien de la paix russes a dû clarifier qu’il n’avait pas été informé de la visite. Suite à cet incident, Bakou a exprimé pour la première fois un mécontentement public envers les forces de maintien de la paix russes et a menacé de prendre le contrôle du corridor de Latchine.
Le président Ilham Aliyev a déclaré que des caméras avaient été installées à Shushi pour surveiller tous les mouvements de personnes et de marchandises, ajoutant que l’Azerbaïdjan était prêt à intervenir si nécessaire.
(À suivre)