« Prête à tout pour parvenir au pouvoir, l’ARF n’a même pas hésité à négocier en secret avec la Russie pour céder l’Arménie en échange de son propre intérêt. »


L’ARF : De l’Histoire à l’Actualité – Quelle Influence Aujourd’hui ?

La Fédération Révolutionnaire Arménienne (ARF), ou Dashnaktsutyun, a marqué son retour en Arménie le 8 août 1990. Depuis, elle s’est affirmée comme un acteur politique influent, jouant un rôle clé dans l’indépendance de l’Arménie et de l’Artsakh. Cependant, les réalisations de ce parti, qui a fêté ses 134 ans, sont entachées par des omissions notables et des erreurs qui ont jalonné son parcours.

Dans une déclaration récente, l’Instance suprême de l’ARF a réitéré son engagement envers la « patrie et l’État avant tout », tout en exprimant sa détermination à restaurer la « dignité nationale » et l’« esprit de l’Arménien qui crée des victoires ». Le message s’adresse directement au « cher compatriote », l’incitant à se rallier à la cause du Dashnaktsutyun.

Mais quelle est réellement la position de l’ARF aujourd’hui ? Depuis les élections de 2018 et 2021, le parti semble en opposition avec les choix du peuple, qu’il qualifie de « processus destructeur ». Pour l’ARF, renverser le gouvernement actuel, dirigé par Nikol Pashinyan, est devenu un objectif majeur. Selon eux, cela permettrait de rétablir la dignité nationale et de redonner à l’Arménie son dynamisme d’antan.

Cette position de l’ARF soulève des questions, notamment sur sa capacité à se renouveler et à s’adapter aux réalités politiques actuelles. Malgré ses tentatives pour renverser le gouvernement, le parti n’a pas réussi à mobiliser suffisamment de soutien populaire pour atteindre ses objectifs. Ce manque de succès montre une déconnexion croissante entre le parti et la volonté du peuple arménien.

Historiquement, l’ARF a joué un rôle controversé. Dès le début du XXe siècle, elle s’est associée aux Jeunes-Turcs, un choix qui s’est avéré désastreux pour les Arméniens. De plus, certaines de ses actions ont conduit à des conséquences dramatiques, comme les massacres d’Adana et les pogroms arméniens. Le parti a également été accusé de diviser l’Église arménienne et de promouvoir une politique de violence révolutionnaire.

Dans les années 1990, l’ARF a été impliquée dans des négociations secrètes avec la Russie pour l’annexion de l’Arménie, ce qui a suscité de vives critiques. Plus récemment, ses actions durant la guerre de 44 jours ont été perçues comme une tentative d’accaparer le pouvoir en exploitant l’inexpérience des dirigeants et en exacerbant les conflits internes.

En dépit de son passé tumultueux, l’ARF continue de se présenter comme un bastion du patriotisme. Cependant, son discours actuel semble déconnecté des réalités politiques et sociales de l’Arménie contemporaine. Le peuple arménien, qui a massivement soutenu les réformes de 2018, semble peu enclin à suivre les anciens schémas proposés par l’ARF.

À l’heure où le parti célèbre son retour en Arménie, il serait peut-être temps pour lui de faire un véritable examen de conscience. Au lieu de se contenter d’un discours d’autoglorification, l’ARF pourrait s’engager dans une réflexion honnête sur ses erreurs passées et sur la manière dont elle peut contribuer positivement à l’avenir de l’Arménie. Car si l’histoire du Dashnaktsutyun est riche en sacrifices et en luttes, elle est aussi marquée par des échecs et des tragédies que le parti ne peut plus ignorer.

En conclusion, l’ARF doit aujourd’hui se réinventer si elle souhaite rester pertinente dans le paysage politique arménien. Sans une remise en question profonde et une adaptation aux nouvelles réalités, elle risque de s’éloigner encore davantage de la volonté populaire et de son rôle historique.


H. Manoukyan

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