L’archevêque Mikael Ajapahian, chef du diocèse de Chirak et membre du Conseil spirituel suprême, était l’un des premiers partisans et alliés idéologiques de l’archevêque Bagrat Galstanyan, leader de la « lutte sacrée ». Cependant, dans une récente interview, en parlant au nom de l’Église, Ajapahian a exprimé une position qui semble modérer la demande maximaliste de démission immédiate du gouvernement arménien. Il a déclaré : « Lorsque nous critiquons, nous ne disons pas nécessairement que ce gouvernement doit partir. Si ce gouvernement revoit sa politique, demande pardon pour ses erreurs, se repent et suit la bonne voie, il peut rester. »
C’est pourtant le même religieux qui, après la guerre de 2020, exigeait sans condition la démission du gouvernement. Le 25 avril dernier, avant que la marche de protestation n’atteigne Erevan, dans une interview accordée à « 168.am », il affirmait avec insistance : « Il n’y a pas d’alternative. Si nous voulons que notre pays reste arménien, ce gouvernement anti-arménien et anti-national doit partir. Ils ont déjà fait tout ce qui est possible contre notre pays. Oui, ce mouvement doit se renforcer, s’étendre à toute l’Arménie et non seulement renverser ce gouvernement, mais aussi le traduire en justice pour qu’il soit jugé et puni équitablement. »
Rappelons qu’Achapahian avait rejoint la marche de Tavush à Erevan depuis Gyumri et qu’il assistait occasionnellement aux rassemblements à Erevan. Le 28 mai, à Sardarapat, alors que la fin probable du mouvement devenait visible, il avait déclaré : « Je ne suis pas heureux que l’archevêque Bagrat se soit sacrifié. Il aurait dû y avoir des forces politiques pour prendre cette responsabilité. Mais comme il n’y en a pas, Bagrat Srebazan se sacrifie lui-même. Il sort de la sphère spirituelle pour entrer dans une arène qui n’est pas la sienne. »
L’archevêque Mikael Ajapahian avait vu juste : la politique n’était pas le domaine de Bagrat Galstanyan. Galstanyan a démontré qu’il ne comprenait pas ce terrain, et il continue à persister malgré cela. Pourquoi persiste-t-il à occuper une place qui n’est pas la sienne ? Seul Dieu le sait. Comme nous l’avons écrit récemment, le Seigneur aurait communiqué avec l’archevêque de Tavush, actuellement suspendu, et lui aurait indiqué la marche à suivre.
Le 11 juin, la veille d’un rassemblement « massif » devant le Parlement et des affrontements entre religieux et policiers, Ajapahian, anticipant déjà la décision du comité d’organisation de ce mouvement politique peu prometteur, avait déclaré lors d’une interview : « Ce n’est pas un mouvement de l’Église, c’est le mouvement de l’archevêque Bagrat, soutenu par certains religieux. Certains prêtres restent réservés et d’autres ne l’approuvent pas. Ce n’est donc pas un mouvement de l’Église. »
Le changement d’attitude de ce membre du Conseil spirituel suprême montre que l’Église avait compris que l’initiative de l’archevêque de Tavush était vouée à l’échec et ne bénéficiait pas d’un large soutien populaire. De plus, en s’impliquant en politique, ce haut dignitaire religieux a gravement nui à l’image de l’Église et à l’autorité personnelle du Catholicos de tous les Arméniens. Il devenait donc nécessaire de « limiter les dégâts ». Il convient toutefois de noter que, tout au long du mouvement, Galstanyan a affirmé qu’il agissait avec la connaissance et la bénédiction du Catholicos. À cet égard, il est important de rappeler qu’en avril 2023, le Catholicos, interrogé par des journalistes sur son exigence de démission du Premier ministre Nikol Pashinyan, avait déclaré : « Nous avons formulé une exhortation paternelle, et naturellement, cette exhortation n’est pas limitée dans le temps. »
Il est également important de noter que plusieurs événements symboliques sont prévus dans un futur proche. Le 28 septembre, la cérémonie de bénédiction du Saint Chrême aura lieu dans le chœur de Saint-Tiridate, et le lendemain, le 29 septembre, la Cathédrale Mère sera reconsacrée. Il existe une crainte que la déception provoquée par le mouvement auprès des fidèles puisse affecter la participation à ces événements importants pour l’Église.
H.M.