« Cette déclaration d’un haut responsable russe prouve que l’OTSC a « trompé » l’Arménie, et que la Russie, en tant que pays « dominant » de l’OTSC, porte la principale responsabilité de l’irresponsabilité de cette structure envers la RA. »
OTSC. Le nom de cette organisation de sécurité a sans doute été l’un des plus déformés, surtout au cours des trois dernières années, souvent avec une connotation négative. Ses prétendues interventions ont échoué à protéger l’Arménie lors des invasions de ses frontières par l’Azerbaïdjan en mai 2021, novembre 2021, et septembre 2022.
Aujourd’hui, la situation est similaire : les forces armées ukrainiennes ont attaqué la région de Koursk en Russie, un autre membre de l’OTSC. Konstantin Zatulin, député à la Douma d’État et premier vice-président de la commission sur l’intégration eurasienne et les relations avec les compatriotes, a qualifié de « stupide » la question de savoir si la Russie demanderait de l’aide à ses partenaires de l’OTSC. « Non, elle ne le fera pas. Il serait surprenant que la Russie, principale puissance de l’OTSC, demande de l’aide sur son propre territoire. Qui allez-vous impliquer pour aider la Russie à Koursk, les Kazakhs ou les Arméniens ? À qui ? Vous posez des questions stupides », a déclaré Zatulin. Cette déclaration d’un haut responsable russe démontre, ou plutôt renforce, la conviction parmi certains en Arménie que l’OTSC a « trompé » la RA avec la complicité de la Russie. En réalité, ce n’est pas l’OTSC qui a trompé l’Arménie, mais la Russie au nom de l’OTSC. Par conséquent, comme le souligne Zatulin, la Russie, en tant que pays principal de l’OTSC, porte la responsabilité majeure de l’irresponsabilité de cette structure envers l’Arménie, abusant de son statut pour ne pas fournir l’assistance prévue par la charte de cette organisation. Cela constitue une circonstance aggravante pour décrire l’action d’une entité ayant fait preuve d’« irresponsabilité criminelle », d’autant plus qu’elle est à la fois un « membre principal » de l’OTSC et un allié stratégique de la RA.
De plus, l’affirmation de Zatulin selon laquelle la Russie est un « pays principal » révèle une permissivité juridique et politique au sein de cette structure, où « tous les animaux sont égaux, mais certains animaux sont encore plus égaux que d’autres ». Selon Zatulin, au sein de l’OTSC, tous les États membres sont théoriquement égaux et acceptent la présidence de l’organisation à tour de rôle, donc aucun pays n’a le statut de « principal » ou de « secondaire ». Cependant, les pays dont la neutralisation des menaces à l’intégrité territoriale ne sert pas les intérêts de la Russie sont perçus comme secondaires, voire tertiaires, avec une réponse équivalente, ou son absence. Autrement dit, si en 2021 et 2022, sous l’« hégémonie » de Vladimir Poutine, les membres de l’OTSC ne remplissent pas leurs obligations statutaires et ne protègent pas l’intégrité territoriale de l’Arménie lorsque cela ne contredit pas les intérêts de l’alliance Poutine-Aliev, cela va à l’encontre des articles 2 et 4 de la Charte de l’OTSC. Selon l’article 2, en cas de menace à l’intégrité territoriale, à la souveraineté, à la sécurité ou à la stabilité de l’un des États membres, les membres doivent immédiatement lancer des consultations pour coordonner leurs positions et fournir une assistance. L’article 4 stipule que toute agression contre un État membre est considérée comme une agression contre tous les États parties au traité, et les États participants doivent fournir l’assistance nécessaire, y compris militaire, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies.
L’ironie de Zatulin concernant la réponse à une agression militaire contre la Russie — évoquant les Arméniens ou les Kazakhs — démontre son manque de respect pour l’OTSC, qu’il ne considère pas comme une structure collective sérieuse ou capable de remplir ses devoirs. Les opérations militaires ukrainiennes contre Koursk devraient inciter les États membres à envisager la réorganisation ou même la dissolution de l’OTSC. La Russie pourrait essayer de justifier son absence de demande d’aide comme un signe d’autonomie, mais Koursk soulève des questions cruciales : l’OTSC est-elle encore une zone de sécurité effective ou est-elle déterminée par le « pays principal » ? L’agression contre un membre est-elle considérée comme une agression contre tous les membres ?
Depuis 2018, l’opposition en Arménie critique l’OTSC pour son manque de soutien post-révolutionnaire, soulignant que les autorités arméniennes ont discrédité l’organisation en arrêtant Yuri Khachaturov, secrétaire général de l’OTSC, en 2018 pour l’affaire du 1er mars. Un article du « Kommersant », propriété d’un oligarque russe, a vivement réagi, considérant l’inculpation de Khachaturov comme un coup dur pour la réputation de l’OTSC. Selon Moscou, cette situation est aggravée par le fait qu’Erevan n’a pas prévenu la Russie de cette action, et des sources anonymes ont suggéré que des acteurs extérieurs étaient derrière l’affaire Khachaturov.
Face à ces critiques, l’opposition en Arménie continuera-t-elle à défendre les positions du « Kommersant » concernant les prétendus dommages causés à l’OTSC par l’arrestation de Khachaturov ?
H. Manoukyan