Le politologue Levon Ghevondyan estime que l’Azerbaïdjan ne sera pas en mesure de garantir à la Russie le soi-disant « corridor de Zangezur » dans des conditions favorables à Moscou. Il rejette également l’idée d’une politique de pression sur l’Arménie par le biais de provocations.
Ghevondyan a exprimé cette opinion lors d’une conversation avec « Haykakan Zhamanak », se référant aux déclarations récurrentes de la Russie, notamment concernant l’idée du soi-disant « corridor de Zangezur », proposée par la Russie, la Turquie et l’Azerbaïdjan.
« L’Azerbaïdjan est soit empêché par d’autres forces, soit ne souhaite pas compromettre ses acquis. Par ailleurs, la Russie tente elle-même d’augmenter la pression sur l’Arménie, surtout dans un contexte d’incertitude quant à l’avenir politique aux États-Unis après les prochaines élections. La Russie cherche à obtenir des résultats dans cette période prévisible, afin de se préparer aux défis futurs », explique le politologue.
Selon Ghevondyan, l’objectif principal de la Russie en ce moment est de ne pas être marginalisée dans le processus en cours. « La Fédération de Russie essaie de maintenir sa participation et de minimiser la perte progressive de ses positions, ce qui est évident. Cela concerne tous les documents et accords en cours, notamment le Traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui est principalement élaboré en Occident », ajoute-t-il. D’après lui, la Russie n’a plus d’autre option que d’exercer une pression diplomatique.
« À une certaine époque, jusqu’en 2018-2019, la Fédération de Russie utilisait également un régime de pression fermé, en rassemblant par exemple des kompromats (informations compromettantes) contre les dirigeants arméniens, notamment sur la légitimité des représentants du gouvernement arménien en Russie et des entreprises liées à d’autres pays. Mais aujourd’hui, comme les autorités arméniennes ont rendu publiques leurs relations, la Russie ne peut plus exercer cette pression en coulisse. Il ne lui reste qu’à tenter d’exercer son influence par tous les moyens possibles », affirme-t-il.
En réponse à la question de savoir si la Russie pourrait opter pour l’imposition de sanctions économiques, Ghevondyan explique : « La Fédération de Russie pourrait créer des problèmes économiques, mais elle évite de le faire pour ne pas s’exposer à de graves répercussions. Par exemple, si la Russie décidait de fermer le poste-frontière de Lars, cela poserait un problème à l’Arménie, mais cela pourrait également se retourner contre elle. Grâce à l’Arménie, la Russie reçoit de nombreux produits qu’elle ne peut plus obtenir directement, notamment des produits européens interdits d’exportation vers la Russie. Si cette route était fermée, la Russie en serait privée. »
Selon le politologue, la politique arménienne devrait s’orienter vers deux axes principaux : suivre les tendances mondiales tout en adoptant une position d’attente, comme le fait le gouvernement arménien, et renforcer les capacités en matière de politique étrangère et de construction de l’armée. « Nous faisons de bons progrès en termes de renforcement militaire, mais nous avons quelques lacunes en politique étrangère, notamment notre participation à une organisation aussi fictive que l’OTSC, ainsi que le rythme trop lent de diversification économique », déclare-t-il.
Ghevondyan conclut en affirmant que l’OTSC constitue un obstacle à une coopération militaire plus large et approfondie dans d’autres directions. « Si, par exemple, la France affirme que la participation à l’OTSC n’entrave pas la coopération militaire entre l’Arménie et la France, de nombreux États et organisations dans le secteur militaire dans le monde ont toutefois certaines réticences. Tant que l’Arménie restera membre de l’OTSC, des portes resteront fermées devant elle. »
https://www.armtimes.com/hy/article/294814