(Partie I)
Apparemment, l’ouverture d’un bureau du Comité Hay Tad (Cause Arménienne) à Stepanakert a été un message adressé à Arayik Harutyunyan, signalant la formation d’un pôle nationaliste et patriotique qui refuse le statu quo post-guerre, ainsi que l’idée d’un dialogue direct avec Bakou.
Vahram Atanesyan
À l’approche de l’anniversaire de la guerre des 44 jours, le 2 septembre 2021, jour du 30e anniversaire de la proclamation de la République du Haut-Karabakh, un événement exceptionnel et totalement inattendu pour le grand public s’est tenu dans la salle de conférence de l’hôtel “Europe” à Stepanakert : l’inauguration officielle du bureau du Comité Hay Tad de la FRA (Fédération Révolutionnaire Arménienne).
La cérémonie solennelle a réuni les anciens présidents de la République du Haut-Karabakh, Arkadi Ghukasyan et Bako Sahakyan, mais le président en exercice, Arayik Harutyunyan, était absent. On ignore si les organisateurs ne l’avaient pas invité ou s’il avait jugé inapproprié de participer à un tel événement. Ce qui est certain, c’est que les autorités étaient représentées uniquement par le ministre des Affaires étrangères, David Babayan.
Dans son discours, David Babayan a salué l’initiative de la FRA et souligné l’importance du travail accompli par les bureaux du Comité Hay Tad. Il a présenté l’ouverture de ce bureau dans le contexte des évolutions géopolitiques et en a fait une priorité pour préserver la “subjectivité” de l’Artsakh et poursuivre son processus de reconnaissance internationale.
Cependant, Babayan n’a pas précisé à quel “processus” il faisait référence, étant donné que la situation était régie par la déclaration trilatérale du 9 novembre. En amont des élections parlementaires en Arménie, trois factions de l’Assemblée nationale du Haut-Karabakh – la FRA, “Justice” et “Démocratie” – avaient renouvelé leur demande de démission d’Arayik Harutyunyan, exigeant qu’il ne soutienne en aucun cas Nikol Pashinyan ou le parti “Contrat civil”. Cela constituait un véritable ultimatum politique à son encontre.
L’énergie politique de l’alliance “Hayastan”, formée à la suite des élections, était essentiellement alimentée par la FRA. Ainsi, l’ouverture du bureau du Comité Hay Tad à Stepanakert semblait être un signal adressé à Arayik Harutyunyan, annonçant la constitution d’un pôle nationaliste-patriotique rejetant le statu quo post-guerre et toute idée de dialogue direct avec Bakou.
David Babayan espérait probablement que ce bureau contribuerait à maintenir la subjectivité de l’Artsakh et à poursuivre son processus de reconnaissance internationale. Cependant, la subtilité de la situation résidait dans le fait que, traditionnellement, les bureaux du Comité Hay Tad opèrent de manière plus audacieuse et efficace en Europe et aux États-Unis, tandis qu’en Russie, cette structure est faiblement représentée.
À Stepanakert, toutefois, ce n’était ni l’Amérique ni la France, mais le contingent de maintien de la paix russe qui exerçait un contrôle, et les autorités locales traitaient leurs affaires urgentes par son intermédiaire. Ceux qui ont participé à l’inauguration du bureau du Comité Hay Tad, ainsi que les forces politiques qui ont soutenu cette décision, étaient connus pour leur orientation pro-russe. Leur idéologie reposait sur l’idée de surmonter la situation grâce au soutien de la Russie.
Dans un tel contexte, quelle signification cachée avait l’ouverture du bureau du Comité Hay Tad à Stepanakert ? Après tout, pour entreprendre des démarches efficaces, ce bureau devait d’abord collaborer avec les structures américaines et européennes du Comité Hay Tad. Pendant ce temps, sur le terrain, la situation était sous le contrôle des forces de maintien de la paix russes, qui avaient déjà révélé de profondes divergences avec les États-Unis et la France. (À suivre dans le prochain épisode)