“La Russie est dangereuse pour l’Arménie, et les troupes russes doivent être retirées d’Arménie et remplacées par des bases américaines de l’OTAN.” Jacques Raffy Papazian

Jacques Raffy Papazian a donné une interview à la chaîne de TV 1in.am.
Raffy Papazian dit qu’il est très heureux de participer à ce second sommet global de la diaspora, que le sommet a été très bien organisé par Zareh Sinanyan et ses équipes. Il y avait 1000 participants de la diaspora venant de 55 pays du monde.

La journaliste demande ensuite quelles seront les suites après le sommet : est-ce que chacun rentre chez soi, et quelle est l’utilité de ce sommet ?
Jacques Raffy Papazian répond qu’il est très important que les participants se rencontrent, qu’ils se parlent et se comprennent. Avec la pandémie de Covid, la manière de travailler à distance s’est développée dans la diaspora. Aujourd’hui, que l’on soit à Paris, Lyon, Bruxelles, New York ou ailleurs, nous avons la possibilité de travailler à distance. Cependant, nous avons besoin de nous voir physiquement, au moins tous les deux ans, pour définir une direction de travail.

La délégation française présente au sommet global de la diaspora.

Avec le Mouvement Arménien, nous avons décidé de traiter le sujet de l’intégration de l’Arménie dans l’Union européenne. Nous venons d’Europe, nous sommes les Arméniens d’Europe, et notre rôle est d’expliquer comment l’Arménie peut rejoindre l’Union européenne, dans quels délais, et quelles réformes l’Arménie doit entreprendre. C’est pourquoi il est important que la population arménienne signe la pétition pour qu’un référendum d’intégration soit organisé en Arménie. Je soutiens cette initiative. Bien sûr, je ne peux pas signer, mais il est essentiel d’envoyer un signal à l’Europe et de voir comment celle-ci le recevra. Nous avons deux mois pour obtenir 50 000 signatures pour cette pétition. Durant ces deux mois, de grands changements peuvent se produire dans le monde, comme les élections américaines et les élections en Géorgie. En Europe, nous avons le président actuel de la Hongrie, Viktor Orban, qui n’est pas vraiment pro-arménien ; on peut dire qu’il est aligné avec l’Azerbaïdjan et la Russie. Il y a aussi l’Italie, dont la position est incertaine, notamment en raison de ses importations de gaz depuis l’Azerbaïdjan. Je comprends que le gouvernement arménien temporise sur ce sujet, mais nous travaillons avec la population civile arménienne. Celle-ci devra faire un choix et s’unir sur ce sujet pour s’allier à l’Europe. Si ce signal aboutit, nous devrons voir comment gérer la relation avec la Russie. Nous devons sortir des relations alliées avec la Russie, et la base militaire russe de Gyumri doit être retirée d’Arménie. Je ne dis pas que cela doit se faire dans les deux prochains mois, mais aujourd’hui, nous devons aborder ces sujets.

La journaliste demande ensuite à Jacques Raffy Papazian si la Russie doit retirer ses troupes des frontières iraniennes et turques. Il répond que la Russie est dangereuse pour l’Arménie, et que les troupes russes doivent être retirées d’Arménie et remplacées par des bases américaines de l’OTAN. Il faut que nous appelions les Américains et que nous leur disions clairement que nous voulons des bases américaines en Arménie. Nous avons bien vu comment la Russie ne nous a pas défendus en Artsakh, et aujourd’hui nous voyons ses manœuvres pour prendre le contrôle du Syunik avec la complicité de l’Azerbaïdjan, autour du corridor de Zangezur. Ils veulent que l’Azerbaïdjan frappe l’Arménie pour que l’OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective) se déploie dans le Syunik.
La journaliste demande si la position de l’Arménie, qui est de rester gelée au sein de l’OTSC, est suffisante, et si l’Arménie doit aller plus loin. Raffy Papazian répond que l’Arménie doit sortir de toutes les alliances avec la Russie, qu’elle doit changer de direction et travailler avec l’Occident. Il n’y a pas d’autre solution.

“Nous devons sortir des relations alliées avec la Russie.”

La journaliste rappelle la position du Premier ministre Nikol Pashinyan, qui a dit que l’Arménie est prête à rejoindre l’Union européenne, mais qu’il ne sait pas si l’Union européenne souhaite intégrer l’Arménie. Quelle est votre avis ?
Jacques Raffy Papazian répond qu’il n’est pas Premier ministre. Il sait que le Premier ministre a besoin de temps pour mettre en place les réformes nécessaires. Mais il affirme que la France, la Belgique, l’Allemagne et d’autres pays européens souhaitent voir l’Arménie rejoindre l’Union européenne. Cependant, comme il l’a déjà dit, l’Italie et la Hongrie ne sont pas claires sur ce sujet pour le moment. Il faut une unanimité au sein de l’Union européenne pour que cela se réalise, mais cela ne doit pas empêcher l’Arménie de progresser dans cette direction. Concrètement, l’Arménie doit se tourner vers l’Europe.

La journaliste interroge ensuite Jacques Raffy Papazian sur l’information selon laquelle le président Macron devait venir en Arménie le 21 septembre, ce qui n’a finalement pas eu lieu. Quel est votre sentiment sur ce sujet ?
Jacques Raffy Papazian répond que cette information n’a jamais été officiellement confirmée, ni du côté français ni du côté arménien. Chaque année à la même date, une rumeur provenant d’une source soi-disant bien informée auprès du président français se répand, mais il pense que cette fausse information a pour but de démotiver la population arménienne en suggérant que le président devait venir et qu’il ne l’a pas fait. Cependant, nous avons vu le ministre des Affaires étrangères, Monsieur Séjourné, qui est venu récemment et a délivré un message important. Il a été nommé Commissaire européen pour la France au même moment. Néanmoins, nous devons continuer à travailler pour que le président Macron puisse venir en Arménie.

Ensuite, la journaliste demande s’il y a une union ou une rupture entre la diaspora et l’Arménie.
Raffy Papazian répond que ces derniers jours, il est évident qu’il y a une union entre l’Arménie et la diaspora. Nous devons travailler ensemble, il n’y a pas d’autre solution. Les Arméniens comprennent qu’il ne peut y avoir d’un côté la diaspora et de l’autre l’Arménie. Il y a une union.

La journaliste demande ensuite à propos des divisions au sein de la diaspora arménienne de France. Quelle est la répartition des sympathisants entre les Dachnaks, le Mouvement Arménien ou d’autres groupes ?
Jacques Raffy Papazian répond que les groupes sont petits en France. Sur 700 000 Franco-Arméniens, 200 sont Dachnaks, 500 sont membres du Mouvement Arménien. Malgré tout, ces deux groupes restent petits, mais la population franco-arménienne représente une grande voix en France. Par exemple, nous avons vu sur ce sujet l’ambassadeur de France en Arménie, qui a rappelé l’importance de la diaspora arménienne de France. Zareh Sinanyan a également souligné l’implication et le rôle moteur de la diaspora française. Plus concrètement, la France aide et accompagne l’Arménie sur différents sujets, y compris la fourniture d’armement militaire. La relation entre la France et l’Arménie est d’une excellente qualité et est renforcée par le soutien de la diaspora. La France est pro-arménienne. La voix des Arméniens de France a atteint un niveau très élevé, c’est évident.

Enfin, la journaliste demande quel est le travail de son organisation en France.
Jacques Raffy Papazian répond que le sujet principal est l’Europe. Le Mouvement Arménien va faire pression de toutes ses forces pour que l’intégration de l’Arménie à l’Union européenne devienne une réalité. Nous devons aider l’Arménie à réaliser les réformes nécessaires pour se conformer aux standards européens. Lorsque le Premier ministre dit qu’il faut du temps pour intégrer l’Union européenne, il a raison. L’Arménie ne rejoindra pas l’Union immédiatement après le référendum. Elle devra ouvrir des chapitres — de mémoire, il y en a 33 — dans lesquels elle devra faire évoluer ses standards. Je ne vais pas aborder ce sujet en détail aujourd’hui, mais la force des Arméniens repose sur leur démocratie, la seule démocratie dans le Caucase, entourée de systèmes totalitaires comme en Iran et en Azerbaïdjan. Nous verrons prochainement quelle position la Géorgie adoptera. Notre force démocratique et civilisationnelle est notre meilleur atout, ainsi que notre histoire avec l’Europe et notamment avec la France. Regardez l’histoire du nouveau Premier ministre français, Monsieur Barnier, qui a inauguré l’ambassade de France en Arménie, s’est rendu en Artsakh, et figure aujourd’hui sur la liste noire de l’Azerbaïdjan. Nous avons également vu comment la France a célébré la mémoire de Missak Manouchian et la résistance des étrangers pour la France. Il y a eu beaucoup de débats sur ces sujets en France. Nous attendons également le COP29, avec des rumeurs disant que le président Macron ne se rendrait pas en Azerbaïdjan. De même, je pense que pour le nouveau Premier ministre français, cela va être difficile d’y aller

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