Par Jacques Raffy Papazian, président du Mouvement Arménien.
L’Arménie, en tant que grande civilisation, doit naviguer habilement entre ses choix stratégiques pour garantir sa souveraineté. Les événements récents ont mis en lumière l’importance cruciale de s’engager activement vers une intégration avec l’Union Européenne et l’OTAN. Après avoir subi des épreuves significatives, notamment la guerre de 44 jours du Haut-Karabagh, l’Arménie ne peut plus se permettre de rester passive ou de s’accrocher à des alliances qui lui sont néfastes.
L’adhésion à l’UE ne doit pas être perçue comme une soumission, mais comme une opportunité de renforcer les liens économiques, politiques et militaires avec l’Occident. Ce partenariat stratégique est essentiel pour contrer l’influence grandissante de la Russie et de la Turquie dans la région. Bien que l’Azerbaïdjan, fort de ses ressources en pétrole et en gaz, ait démontré sa puissance militaire, l’Arménie doit tirer parti de l’appui des puissances occidentales pour moderniser son armée et garantir sa sécurité.
L’Arménie ne doit pas se contenter de traiter avec des acteurs régionaux. Son avenir repose sur sa capacité à s’intégrer pleinement dans les structures européennes et atlantiques, ce qui lui permettra de bénéficier d’un soutien robuste en cas de crise. En achetant des armes à des pays comme la France, l’Arménie ne fait pas seulement un choix défensif, mais elle s’imbrique également dans le système de sécurité atlantique, montrant ainsi son engagement envers des alliances qui favorisent sa souveraineté.
Le soutien à l’OTAN et à l’UE est crucial pour que l’Arménie puisse renforcer ses capacités de défense tout en promouvant un développement économique durable. L’Arménie a besoin de partenaires fiables pour contrer l’agression azerbaïdjanaise et l’influence néfaste de ses voisins hostiles. Cela nécessite une détermination dans les négociations et une volonté de saisir les opportunités qui se présentent, plutôt que de se retrancher derrière une politique de neutralité qui pourrait conduire à l’isolement.
Récemment, 60 000 Arméniens ont signé une demande de référendum pour l’intégration de l’Arménie à l’Union européenne, et un sondage a révélé que 58 % de la population soutient cette initiative. Cela témoigne clairement de la volonté du peuple arménien en faveur d’une intégration européenne. Un référendum est une manière concrète d’exprimer cette aspiration démocratique, alors que la voix populaire est essentielle pour guider des décisions de cette envergure.
Le choix de rester dans une position de « ni-ni » – ni avec l’Union Européenne, ni avec l’OTAN – risque de créer un vide stratégique et sécuritaire pour l’Arménie. Cette vision de neutralité, bien qu’elle puisse sembler pragmatique, pourrait en réalité exposer l’Arménie à des pressions régionales accrues et fragiliser sa souveraineté. Au lieu de s’en tenir à cette approche, il serait plus judicieux d’envisager des alliances claires qui renforcent la sécurité et l’indépendance du pays.
Plaider pour une Arménie qui ne change pas de vecteur revient à accepter le régionalisme russo-turc, une issue qui pourrait transformer l’Arménie en un villayet. L’utopie du « ni-ni » conduira à l’inverse de la souveraineté, c’est-à-dire à la destruction de l’État. Il est essentiel que l’Arménie fasse preuve de sagesse et de courage dans ses choix stratégiques pour assurer son avenir en tant que nation indépendante et prospère.
