Que nous le voulions ou non, la Turquie et Israël ont aujourd’hui gagné en influence. Compter sur la défense de l’Iran est une entreprise désespérée et extrêmement risquée. Quant à la Russie, inutile d’en parler. L’Arménie, même avec la meilleure volonté, ne peut espérer aucune aide d’ailleurs que de l’Union européenne. Et pour cela, il faut agir vite. Il est crucial de collaborer de manière claire avec l’UE, pas en lui lançant des sous-entendus, mais en travaillant directement et ouvertement. Cette collaboration doit être concrète, allant de la sécurité alimentaire et des services à des questions stratégiques, avec des principes visibles, mesurables, tangibles et évaluables.
Aujourd’hui, la Commission électorale centrale a validé les 52 351 signatures recueillies dans le cadre de l’initiative « Référendum européen » (Եվրաքվե). Ces signatures soutiennent la trajectoire européenne de l’Arménie. Il reste maintenant à voir quel sera le sort de cette initiative au Parlement. Bien que l’on puisse s’attendre à ce que les autorités poursuivent leur politique prudente et rejettent le projet, cela ouvrirait la voie à une nouvelle campagne de signatures visant cette fois 300 000 soutiens.
Nous avons beaucoup parlé de l’initiative « Référendum européen », mais il est toujours utile de rappeler que ce n’est pas une simple question de préférence politique. C’est une question de direction civilisée pour l’avenir de l’Arménie. Après la tragédie de l’Artsakh, le gouvernement arménien aurait dû comprendre les conséquences désastreuses de tergiverser, d’attendre et de ne pas s’impliquer activement dans les processus en cours. Il n’y aura pas de « jours meilleurs » par magie, et il est illogique de penser qu’ils arriveront sans action.
L’urgence de la situation
Le temps presse. La région est plongée dans une tempête politique et militaire :
• Une grande partie de l’Europe de l’Est est sous l’influence d’une droite pro-russe.
• La Géorgie se rapproche dangereusement de la Russie.
• Le Liban vit dans un état semi-conflictuel.
• La guerre en Palestine fait rage.
• La tragédie sanglante de la Syrie a vu les proxies turcs occuper le pays en quelques jours.
Dans ce contexte, l’Arménie est coincée entre des forces opposées. La Turquie et Israël sont devenus des acteurs de poids, l’Iran est affaibli, et la Russie se désengage de la région, laissant ses alliés à leur sort, comme elle l’a fait avec l’Artsakh.
Agir maintenant
L’Arménie ne peut compter que sur l’UE. Et pour cela, il faut travailler sans attendre, pas avec des mots creux, mais avec des actions claires et stratégiques. Il est temps de dépasser les mentalités étroites et d’adopter une diplomatie fine. Le référendum européen est aujourd’hui le seul projet pro-européen dans tout le Caucase et le Moyen-Orient. L’Europe le voit, reste à ce que nous le voyions aussi.
Tarder, c’est condamner l’Arménie à nouveau, cette fois officiellement, à tomber sous les coups de la Turquie, sans même la Russie comme alliée. Au contraire, celle-ci pourrait devenir un soutien tacite d’Ankara.
Il est temps d’agir, de manière urgente et stratégique. L’Arménie doit tracer sa voie vers l’Europe, non pas pour fuir ses voisins, mais pour s’en protéger et garantir son avenir.