Les États-Unis insistent pour que les voies de communication soient placées sous le contrôle souverain de l’Arménie, ce qui n’intéresse pas Bakou. Une guerre à grande échelle au Moyen-Orient pourrait-elle offrir une opportunité pour l’ouverture forcée du « corridor de Zanguezour » ? Erdogan fait-il également du bruit pour cette raison ?

Vahram Atanesyan
Pourquoi Erdogan fait-il du bruit ?

Le correspondant à Ankara du média pro-gouvernemental de Bakou rapporte les évaluations de plusieurs « analystes turcs » concernant la situation suite à l’assassinat d’Ismail Haniyeh. Ils soulignent qu’il ne faut pas juger avec des émotions et des idées irrationnelles, mais tenir compte du fait qu’Haniyeh était le principal négociateur avec Israël, qu’il entretenait des liens étroits avec le Qatar et la Turquie, représentant exclusivement le monde sunnite. En ne comprenant pas cela, il a signé sa propre condamnation à mort, permettant ainsi à Israël d’affaiblir l’influence prépondérante d’Ankara et de Doha dans ce processus.

Il semble que l’assassinat d’Haniyeh permette aux États-Unis de promouvoir le rôle de l’Iran dans les négociations de paix palestiniennes. La rumeur circule à nouveau qu’une délégation américaine s’est rendue à Téhéran pour présenter un projet de règlement irano-israélien.

Ainsi, par l’assassinat d’Haniyeh, Benjamin Netanyahou chercherait à exclure la Turquie des négociations de paix afin de se retrouver seul face à l’Iran et à ses groupes proxy. Cela lui permettrait de préserver sa légitimité, quel que soit le résultat de la guerre ou l’établissement d’un cessez-le-feu.

Dans quelle mesure est-il probable que les États-Unis, en tant que leader de l’OTAN, préfèrent renforcer le rôle de l’Iran dans le processus de paix au Moyen-Orient plutôt que celui de la Turquie, membre de l’alliance, en vue d’une « réconciliation historique » entre l’Iran et Israël ?

Le conflit palestinien, bien sûr, est en partie le reflet de la compétition acharnée entre les centres de pouvoir mondiaux et les pays de la région au Moyen-Orient. Dans ce contexte, l’assassinat d’Haniyeh pourrait être plus avantageux pour l’un de ces acteurs que pour Israël.

L’option la plus humiliante a été choisie pour l’Iran : le dirigeant politique du Hamas a été tué quelques heures après l’investiture du président iranien, dans la maison d’hôtes du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI). Apparemment, le calcul était que l’Iran réagirait de manière très dure et rapide, ce qui entraînerait une guerre à grande échelle entre Israël et l’Iran.

Cependant, deux semaines se sont écoulées, et Téhéran n’a toujours pas agi. Cela irrite probablement la Turquie. Le 11 août, les médias de Bakou ont rapporté, qualifiant la nouvelle de « bombe d’information », que Mohammad Javad Zarif avait démissionné de son poste de vice-président des affaires stratégiques. D’autres sources n’ont pas encore confirmé cette information, mais les sources azerbaïdjanaises affirment que la démission est due à la déclaration de Zarif selon laquelle l’Iran « ne peut pas être plus radical que les Palestiniens eux-mêmes sur la question palestinienne ».

Quelle est l’influence de la Turquie ou de l’Azerbaïdjan en Iran ? Est-il possible que le CGRI envisage de destituer Pezeshkian ? Cette question est essentielle pour l’Arménie. La Russie et l’Azerbaïdjan, probablement avec la Turquie, présentent la mission d’observation de l’UE en Arménie comme faisant partie d’un projet anti-iranien.

Si l’Iran améliore ses relations avec les États-Unis et l’Union européenne, l’impact de cette propagande russo-azerbaïdjanaise-turque pourrait diminuer considérablement. Cela pourrait également atténuer les préoccupations de l’Iran concernant la réouverture des voies de communication dans le sud de l’Arménie.

Selon le centre d’analyse « Atlas » de Bakou, bien qu’il s’agisse en fait d’une fuite de l’entourage d’Ilham Aliev, les États-Unis insistent pour que les voies de communication soient sous le contrôle souverain de l’Arménie, ce qui n’intéresse pas Bakou. Une guerre à grande échelle au Moyen-Orient pourrait-elle offrir une opportunité pour l’ouverture forcée du « corridor de Zanguezour » ? Erdogan fait-il du bruit pour cette raison également ?

Article tiré du site 1in.am.

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