« Le risque d’escalade pourrait uniquement bénéficier au Premier ministre israélien Netanyahu et à son gouvernement, mais l’Iran se trouve essentiellement contraint de répondre d’une manière ou d’une autre. » –
09 août 2024, 18h00
Auteur : Hakob Badalyan
Les dirigeants égyptiens, qatariens et américains ont publié une déclaration commune appelant Israël et le Hamas à parvenir à un accord de cessez-le-feu et à reprendre les négociations, interrompues après l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas à Téhéran. Comme on le sait, Yahya Sinwar a été élu pour remplacer Ismaël Haniyeh, assassiné. Sinwar a toujours été plus radical dans son approche que Haniyeh. Cela facilitera-t-il la reprise des négociations qui avaient commencé sous Haniyeh et avaient été suspendues après son assassinat ? Un leader plus radical peut-il légitimement décider de négocier ? Cela ne comporterait-il pas un risque pour sa réputation ? À l’inverse, refuser de négocier pourrait entraîner une escalade, ce qui ne profiterait à aucun des trois pays signataires de la déclaration commune, et bien sûr, pas seulement à eux.
En outre, le risque d’escalade pourrait uniquement bénéficier au Premier ministre israélien Netanyahu et à son gouvernement. Ce risque ne serait pas non plus bénéfique pour l’Iran, mais l’Iran se trouve essentiellement contraint de répondre d’une manière ou d’une autre. Tout le monde appelle Téhéran à faire preuve de retenue. Cependant, la mesure de cette retenue dépend-elle du succès des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte dans la reprise des négociations sur le cessez-le-feu à Gaza et de l’obtention d’un résultat concret à court terme ? Dans ce contexte, une information largement passée sous silence mérite d’être soulignée. Le journal koweïtien Al Jarida a rapporté, en se basant sur des sources iraniennes, qu’une rencontre entre des représentants iraniens et américains aurait eu lieu en Iran, non loin de Téhéran, quelques jours après l’assassinat de Haniyeh.
Selon ce journal, la délégation américaine est arrivée en Iran depuis la Turquie à bord d’un hélicoptère privé, et les négociations se sont déroulées sous la protection du Corps des Gardiens de la Révolution. Il est également mentionné que cette visite a eu lieu sous la médiation d’Oman. Ni Téhéran ni Washington n’ont démenti cette information. Toujours selon le journal koweïtien, les délégués américains ont assuré à l’Iran que les États-Unis n’étaient pas au courant du projet d’assassinat du chef du Hamas et ont exhorté l’Iran à ne pas « jouer le jeu de Netanyahu » en évitant toute action qui pourrait conduire la région à une guerre majeure.
La déclaration conjointe des dirigeants du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, dans ce contexte, laisse penser que la « condition » de l’Iran pourrait être de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza en échange d’une retenue en réponse à l’assassinat de Haniyeh. Bien entendu, cela reste une hypothèse, mais une déclaration de ce niveau par les dirigeants des trois pays ne relève certainement pas d’une simple rhétorique diplomatique. À ce niveau, les déclarations communes sont généralement motivées par des considérations substantielles.
https://www.1in.am/3452761.html