Les mémoires de l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, décrivent en détail la situation au sein de l’alliance durant sa décennie de direction, y compris les échanges tendus et la diplomatie personnelle avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan, allant de la Syrie au processus d’élargissement de l’OTAN. C’est ce qu’indique Middle East Eye, cité par Turkish Minute.
Dans son livre « On My Watch: Leading NATO in a Time of War », Stoltenberg, qui a été secrétaire général de l’OTAN de 2014 à 2024, se souvient comment il a géré les différends concernant la Turquie, y compris l’abattage d’un chasseur russe en 2015, l’incursion d’Ankara en Syrie et ses objections aux demandes d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. La première grande épreuve avec Ankara a eu lieu en novembre 2015, lorsque les forces turques ont abattu un Su-24 russe pour avoir violé l’espace aérien turc.
Stoltenberg note que, bien qu’il ait publiquement soutenu le droit de la Turquie à défendre ses frontières, plusieurs alliés, notamment la France, l’Italie et l’Allemagne, ont remis en question la proportionnalité de la réponse. Il évoque également les désaccords entre les membres de l’OTAN concernant le soutien à l’Ukraine avant l’invasion russe en 2022, citant une conversation avec l’ancien président ukrainien Petro Porochenko, qui avait exprimé sa déception face au refus de la plupart des alliés de fournir des armes, tout en louant la Turquie pour avoir fourni des drones.
Qualifiant Erdoğan de « vieux camarade », Stoltenberg écrit que le dirigeant turc était « dévoué et informé », utilisant souvent un iPad lors des réunions pour présenter des graphiques et des vidéos.
Lors d’une discussion sur l’opération militaire de la Turquie en 2019 dans le nord de la Syrie, Erdoğan a soutenu que les puissances occidentales « utilisent une organisation terroriste contre une autre », faisant référence aux Unités de protection du peuple kurde (YPG), que Ankara considère comme une continuation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), déclaré hors-la-loi.
L’ancien secrétaire général de l’OTAN raconte plusieurs anecdotes illustrant le style informel et imprévisible d’Erdoğan.
Stoltenberg décrit également les tensions entre Erdoğan et le président français Emmanuel Macron, dont les critiques des actions de la Turquie en Syrie et le débat sur la laïcité ont conduit à des désaccords ouverts au sein de l’alliance. Il note qu’il « n’est pas facile d’avoir deux présidents des plus grands pays de l’OTAN qui sont devenus des ennemis parfaits l’un pour l’autre ».
Les mémoires présentent également les négociations en coulisses de 2022 concernant l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, lorsque la Turquie a bloqué le processus en invoquant des préoccupations de sécurité nationale. Stoltenberg décrit une rencontre personnelle de plus d’une heure avec Erdoğan, au cours de laquelle il a proposé du café et des collations pour poursuivre les négociations.
Selon les informations, Erdoğan a souri et a refusé en disant : « Je ne suis pas si bon marché ».
Stoltenberg présente Erdoğan comme un partenaire difficile mais indispensable, dont la coopération est souvent obtenue par un engagement personnel et du pragmatisme.
Traduction : Emma Chobanyan
— Arménie Info

