Les relations entre l’Église et l’État en Arménie se tendent de plus en plus. La récente arrestation de l’évêque Mkrtich Proshyan, chef du diocèse d’Aragatsotn, a suscité de vives discussions sur internet, notamment à la suite de la diffusion d’un enregistrement d’une conversation téléphonique impliquant des membres de l’Église. Cette conversation serait attribuée à l’archevêque Nathan Hovhannisyan, directeur du département des relations extérieures et du protocole du Saint-Siège, et à l’ancien porteur de bâton du catholicos, le prêtre Aghan Yerjanakyan.

Selon des médias proches du gouvernement, la conversation aurait eu lieu en octobre 2023. Il est notable que dans cet enregistrement d’environ 10 minutes, l’archevêque Nathan Hovhannisyan ne conteste pas les affirmations de l’abbé concernant des instructions données par le catholicos pour participer aux processus politiques.

Nous avons tenté d’obtenir un commentaire de l’archiprêtre Yesayi Khachaturyan, directeur du système d’information du Saint-Siège, mais nos appels sont restés sans réponse. Plus tard, le Saint-Siège a publié un communiqué sans démentir l’authenticité de l’enregistrement.

Cette situation fait suite à l’arrestation de l’évêque d’Aragatsotn et du chef de son bureau. Une enquête a été ouverte sur la base des déclarations du prêtre Aram, qui a affirmé lors d’une émission publique qu’il avait participé à des manifestations de l’opposition contre sa volonté, sous les ordres de son supérieur. Sur la base des déclarations du prêtre, l’organisation non gouvernementale « Union des citoyens informés » a déposé une plainte auprès des autorités. Selon Daniel Ioannisyan, responsable des programmes de cette organisation, il est étrange que l’Église ne démente pas les informations concernant la pression sur les électeurs.

Le Saint-Siège a également publié une déclaration après l’arrestation de l’évêque d’Aragatsotn, affirmant que le pouvoir politique en place continue de s’engager dans un plan visant à démanteler l’Église arménienne.

La députée du Parti Républicain, Lilit Galstyan, a déclaré qu’il n’était pas nécessaire de chercher des processus juridiques dans les actions du gouvernement. La députée du Parti de la Lumière, Hasmik Hakobyan, ne considère pas les chefs des diocèses d’Aragatsotn, de Shirak et de Tavush comme des prisonniers politiques.

Les évaluations de la société civile sont également contradictoires sur cette question. La défenseure des droits humains, Zhanna Aleksanyan, considère indéniable que les membres du clergé sont des persécutés politiques, tandis que Daniel Ioannisyan souligne qu’il faut encore des preuves.

Les opposants comparent ces arrestations de clercs aux pratiques de 1937, établissant des parallèles entre les périodes de gestion de Pashinyan et de Staline. En réponse aux accusations des opposants, Pashinyan a fait des remarques sarcastiques lors d’une interview avec Factor TV.

La défenseure des droits humains, Zhanna Aleksanyan, est convaincue que ces événements seront particulièrement mentionnés dans les rapports internationaux.

Alors que le débat se poursuit sur la question de savoir si les membres du clergé sont des prisonniers politiques ou non, le bureau du procureur général a déjà annoncé que l’enregistrement diffusé sur internet fera l’objet d’une enquête dans le cadre de la procédure. Le ministère de l’Intérieur a également signalé un crime au comité d’enquête.

Narek Kirakosyan

— Arménie Info

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