Afin de faire face aux menaces hybrides, l’Union européenne dispose d’un arsenal d’outils à plusieurs niveaux, allant du renforcement des capacités des commissions électorales à la communication stratégique et à la lutte contre la désinformation.

Lusine Hakobyan

Petros Ghazaryan s’est entretenu avec Lusine Hakobyan, présidente de l’organisation « Europe du Droit ». L’entretien s’est concentré sur la participation de l’Arménie au format du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE, ainsi que sur le nouveau programme stratégique de partenariat et le lancement du dialogue sur la libéralisation des visas.

Lusine Hakobyan a indiqué que le format du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne est une plateforme formelle et reconnue, au sein de laquelle les ministres des Affaires étrangères des États membres débattent des questions à l’ordre du jour. Selon elle, le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a également été invité cette année dans ce format et, de fait, les discussions ont porté principalement sur la mise en œuvre du nouveau programme stratégique du partenariat Arménie-UE et sur les prochaines étapes.

Elle estime que le soutien éventuel de l’Union européenne à l’Arménie face aux menaces hybrides et extérieures a également été abordé, notamment dans le contexte des élections de 2026. Lusine Hakobyan a rappelé que la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a déclaré publiquement que l’Arménie avait demandé l’aide de l’UE pour lutter contre les menaces hybrides, en soulignant qu’un soutien similaire avait déjà été accordé à la Moldavie.

Lusine Hakobyan a souligné que le mois de décembre a, dans l’ensemble, été riche en événements liés aux relations Arménie-UE. Selon elle, la sixième réunion du Conseil de partenariat Arménie-UE s’est tenue sur la base de l’Accord de partenariat global et renforcé. Lors de cette réunion, le nouveau programme stratégique Arménie-UE a été adopté, visant à approfondir et à coordonner les domaines de coopération. Dans le cadre du Partenariat oriental, le Forum de la société civile joue un rôle important : lors de son sommet, les problématiques préoccupant la société civile sont discutées. Dans ce contexte, Lusine Hakobyan a mentionné la visite en Arménie du commissaire européen chargé de l’élargissement, Martakos, au cours de laquelle il a également été réaffirmé que l’Union européenne est prête à soutenir l’Arménie face aux menaces extérieures et hybrides à l’approche des élections.

Hakobyan a souligné que l’opinion selon laquelle l’aide de l’UE constituerait une ingérence dans les affaires intérieures de l’Arménie n’est pas fondée. Elle a rappelé que, dans l’Accord de partenariat global et renforcé, la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’État de droit sont inscrits comme des composantes essentielles, et que les élections constituent l’un des piliers fondamentaux d’un système démocratique. Selon elle, le soutien de l’Union européenne au renforcement des institutions démocratiques n’est pas un phénomène nouveau et concerne tous les pays partenaires de l’UE.

Pour faire face aux menaces hybrides, l’Union européenne dispose d’un ensemble d’outils diversifiés, allant du renforcement des capacités des commissions électorales à la communication stratégique et à la lutte contre la désinformation. Elle a cité en exemple les épisodes de désinformation ayant précédé les élections municipales de Gyumri, en soulignant que, dans de tels cas, une information correcte et rapide peut neutraliser les manipulations informationnelles. La Moldavie dispose déjà d’une expérience réussie dans ce domaine : avec le soutien de l’UE, des mécanismes ont été mis en place en impliquant à la fois les institutions publiques et la société civile. Selon Lusine Hakobyan, l’Arménie peut tirer des enseignements importants de cette expérience, même si aucun système n’est parfait à 100 %.

Abordant la protection de la démocratie, elle a déclaré que même face à des forces qui tentent de se dissimuler derrière une rhétorique démocratique, la lutte doit se faire exclusivement par des moyens démocratiques. Selon elle, l’Arménie, en se positionnant comme une démocratie en développement, ne peut ni ne doit recourir à des outils autoritaires. Il existe en Arménie des problèmes démocratiques et juridiques, mais ceux-ci sont exprimés et débattus tant par la société civile que par les partenaires internationaux. Elle a précisé que, lors des dernières rencontres, des sessions spéciales ont été consacrées aux droits de l’homme et aux dysfonctionnements du système judiciaire, et que ces questions ont également été inscrites dans les déclarations adoptées.

Concernant les critiques adressées à la société civile, elle a souligné que celle-ci n’est pas homogène et comprend des acteurs variés. Selon elle, chaque organisation agit dans le cadre de son mandat, et toute critique doit être fondée et argumentée.

Évoquant les accusations relatives à l’existence de prisonniers politiques, Lusine Hakobyan a affirmé que si, selon l’évaluation de l’Union européenne, un tel phénomène existait, l’UE ne resterait pas silencieuse. Elle a rappelé que l’Union européenne est composée de différents États, et que la position officielle est formée sur la base de leurs évaluations communes. L’Union européenne a été créée pour assurer le bien-être et la sécurité des peuples européens et, historiquement, n’a pas été dirigée contre un État en particulier. Selon Lusine Hakobyan, les actions actuelles de l’UE doivent également être envisagées dans cette logique.

S’agissant du nouveau programme stratégique, elle a indiqué que l’inclusion du terme « stratégique » est importante, mais que l’essentiel réside dans le fait que le document repose sur l’Accord de partenariat global et renforcé et qu’il en constitue un complément. Selon elle, il fixe les domaines dans lesquels la coopération Arménie-UE s’est développée ces dernières années.

Lusine Hakobyan a également souligné l’importance du lancement du dialogue sur la libéralisation des visas en septembre 2024, en précisant que le processus avance à une vitesse sans précédent. Elle a lié cela aux aspirations européennes claires de la société arménienne, exprimées à travers des initiatives citoyennes. Répondant aux affirmations selon lesquelles l’Europe n’attendrait pas l’Arménie, elle a rappelé que de hauts responsables de l’UE ont à plusieurs reprises réagi positivement à l’agenda européen de l’Arménie. Elle a souligné que, dans l’histoire de l’Union européenne, de nombreux pays ont d’abord fait face à des réticences avant de devenir membres grâce à un travail constant.

L’Arménie doit se guider par ses propres intérêts, indépendamment des mécontentements extérieurs. Selon elle, l’économie européenne demeure l’une des plus puissantes au monde et l’Union européenne, malgré les défis, développe également sa dimension sécuritaire. Si l’objectif de l’Arménie est de construire un État souverain, sûr, prospère et démocratique, la voie européenne exige un travail long et exigeant, mais elle constitue un choix logique et fondé.

L’entretien dans son intégralité :

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By Raffy