Nous, le mouvement constitutionnel « Nzhard », constatons que l’histoire de la République d’Arménie au cours des trois dernières décennies est non seulement celle d’une gestion inefficace, mais aussi celle d’un effondrement systémique de l’ordre juridique et constitutionnel. Cela est mentionné dans la déclaration du mouvement, intitulée « La rupture de l’autodétermination et la crise de l’État en Arménie ».
« Les piliers de notre État, à savoir la Constitution, la primauté du droit, l’expression libre de la volonté publique et la responsabilité institutionnelle, ont été systématiquement violés et dévalués aux plus hauts niveaux de l’État.
Ces violations ne sont pas des épisodes isolés, mais le résultat logique d’une culture de gestion irresponsable et dépourvue de valeurs, qui s’est formée et maintenue au cours des trois dernières décennies.
Les racines de la crise actuelle de l’État arménien sont plus profondes que les trois dernières décennies. Elles sont dues à l’absence d’une véritable autodétermination nationale à la base de l’État.
La Première République est née à un moment de tournant historique, mais n’a pas réussi à se concrétiser en tant que résultat complet d’une autodétermination.
L’État a été détruit sous la pression des forces géopolitiques extérieures, et en 1920, l’Arménie a été envahie par la Russie bolchevique et la Turquie kémaliste. Cette tragédie a rompu la chaîne de développement naturel de l’État et nous a privés d’une base solide pour notre souveraineté.
La déclaration d’indépendance adoptée en 1990, bien qu’elle soit née dans le contexte du mouvement de Karabakh et proclame la réunification de l’Arménie soviétique et du Haut-Karabakh, est devenue une source de contradictions juridiques lors de sa mise en œuvre. Les autorités n’ont ni juridiquement enregistré l’annexion, ni reconnu la République de Karabakh comme un sujet indépendant autodéterminé.
Cette situation ambiguë et double a été ancrée dans les fondements de l’État nouvellement indépendant. D’une part, un système juridique régulé par la Constitution et les lois devait se former, d’autre part, en tant que garant de la sécurité de Karabakh, les autorités agissaient en dehors des normes constitutionnelles et des procédures juridiques. En conséquence, la primauté du droit a été soumise dès le départ à des considérations politiques.
Depuis l’indépendance, il n’y a pas eu de contrat social légitime en Arménie, qui aurait été la Constitution. Les textes constitutionnels et leurs processus d’adoption ont été utilisés pour la reproduction des autorités en place.
La Constitution a été perçue non pas comme la plus haute expression de la volonté du peuple, mais comme un outil pour maintenir le pouvoir.
Les fraudes électorales, les violences politiques et la déformation systématique de la volonté publique ont privé le citoyen de sa subjectivité politique et de son droit de participer à la gestion de l’État.
En conséquence, les institutions de l’État ont perdu leur légitimité, et les élections ont perdu leur signification en tant qu’outil de contrôle démocratique.
Les décisions de politique étrangère de l’Arménie ont été prises exclusivement dans le but de servir les intérêts personnels des autorités du jour, ce qui a conduit à une dépendance économique, technologique, militaire et politique, à un recul énorme et à des défaites.
L’État n’a pas pu remplir son obligation fondamentale de protéger l’intégrité territoriale et d’assurer la sécurité et le droit à la vie de ses citoyens.
En résumé, les racines de la crise actuelle de l’État arménien reposent sur l’absence d’autodétermination nationale, la faiblesse de la souveraineté, les bases juridiques ébranlées, une politique étrangère irresponsable et une crise de valeurs et institutionnelle.
Nous proposons une solution : établir une nouvelle base de valeurs fondée sur l’autodétermination et construire un système de gestion efficace. Le cœur de ce système, le Conseil d’État, doit devenir le gardien apolitique de la Constitution, qui a fait défaut dans notre réalité au cours des trois dernières décennies.
L’institut de l’autodétermination doit définir l’intérêt national et étatique, dont l’absence a conduit à l’échec des politiques intérieure et extérieure.
Ceci n’est pas un changement ordinaire, mais une reconsidération et une réévaluation de l’État.
Rejoignez Nzhard si vous partagez nos idées, » conclut la déclaration.
— Arménie Info