La question de l’Artsakh a été compromise depuis des décennies
Pourquoi, en 1998, le chef actuel du groupe « Hayastan » (Arménie), Robert Kotcharian, avec son équipe, a-t-il empêché la mise en œuvre de l’option « par étapes » ? Et pourquoi, après l’avoir refusée, a-t-il envoyé son ministre des Affaires étrangères à Moscou pour demander à Primakov que l’Azerbaïdjan accepte d’accorder un certain statut à l’Artsakh à l’intérieur de ses propres frontières, ce que Bakou a rejeté ? Depuis, aucune discussion sur le statut du Karabakh n’a plus jamais eu lieu.
Vahram Atanesyan
FreeNews s’est entretenu avec l’ancien député de l’Artsakh, Vahram Atanesyan.
Au cours de l’entretien, il a été question des récentes accusations échangées entre le Premier ministre Pachinian et les anciens présidents, notamment après la déclaration de Levon Ter-Petrossian selon laquelle Pachinian aurait « déclaré la guerre à l’Azerbaïdjan en 2019 », lorsqu’à Stepanakert il avait affirmé : « L’Artsakh, c’est l’Arménie, point final ».
Vahram Atanesyan est revenu en détail sur cette controverse et a estimé qu’il aurait été préférable qu’elle ne prenne pas un caractère politique mais analytique. Selon lui, il est beaucoup plus utile que ces questions soient discutées dans des cercles d’experts plutôt que dans l’arène politique, et encore moins entre dirigeants actuels et anciens, afin d’aboutir à des conclusions pratiques et applicables.
Sinon, les accusations comme celle selon laquelle Pachinian aurait rejeté une proposition de l’Azerbaïdjan en 2019 et ainsi refusé la paix, peuvent conduire à ce que Pachinian, à son tour, soulève une série de questions à l’encontre des anciens dirigeants, ce qui les placerait dans une position très inconfortable.
Aujourd’hui, la question « guerre ou paix » est débattue dans une grande ambiguïté. Selon Atanesyan, la perspective d’un règlement pacifique de la question du Karabakh a pris fin dès 1998. Depuis, l’Azerbaïdjan n’a négocié que sur un seul sujet : dans quels délais l’Arménie rendra-t-elle les territoires occupés ? Et en contrepartie, Bakou n’était même pas prêt à discuter de quelque statut que ce soit.
Alors, de quelle paix parle-t-on ?
Ou encore Levon Ter-Petrossian, qui, à Lisbonne, a opposé son veto à une proposition de l’OSCE selon laquelle une large majorité des États membres étaient favorables à ce que le Karabakh ait une certaine autonomie à l’intérieur de l’Azerbaïdjan. Dans quelle logique a-t-il agi ?
Et s’il rétorque qu’il a ensuite obtenu l’option « par étapes », qui prévoyait que l’Arménie restitue les territoires occupés, à l’exception du corridor de Latchine, après quoi des négociations devaient s’ouvrir sur le statut du Karabakh, c’est-à-dire que Bakou était prêt à discuter avec Erevan du type d’autonomie que le Karabakh pouvait avoir dans le cadre de l’Azerbaïdjan, alors, il faut rappeler qu’après cela, plus rien de tel n’a eu lieu.
Des années plus tard, le président Ilham Aliyev a même ironisé en disant : « Pourquoi devrais-je, en conduisant la politique étrangère de l’Azerbaïdjan, discuter de cela avec Stepanakert ? », excluant ainsi toute négociation sur le statut.
Atanesyan a reposé la question : pourquoi, en 1998, Kotcharian et son équipe ont-ils empêché l’option par étapes ? Et pourquoi, après son rejet, a-t-il envoyé son ministre des Affaires étrangères à Moscou pour demander à Primakov que Bakou accepte d’accorder un statut quelconque au Karabakh dans ses frontières, ce que l’Azerbaïdjan a refusé ? Depuis, aucune discussion sur le statut n’a eu lieu.
Vahram Atanesyan a également attiré l’attention sur une récente interprétation selon laquelle en 2019, Nikol Pachinian aurait renoncé aux négociations et déclaré la guerre à l’Azerbaïdjan. À ce propos, Atanesyan a rappelé qu’après les négociations de Kazan, la partie arménienne avait annoncé que l’Azerbaïdjan avait présenté à la dernière minute 10 points supplémentaires non convenus. Pourquoi ces 10 points ne sont-ils pas rendus publics ? Et si les anciennes autorités ont déjà refusé, en 2011, de discuter ou de signer de tels points, pourquoi Pachinian aurait-il dû les accepter en 2019 ? Parce que la guerre se faisait déjà sentir ? Mais en 2011, cela n’était-il pas déjà clair ?
Atanesyan a aussi rappelé que lors de la guerre de 44 jours en 2020, le 8 octobre, après une rencontre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en Russie, Aliyev avait déclaré dans une interview à RIA qu’il était prêt à arrêter la guerre immédiatement si Pachinian lui présentait un calendrier de retrait des troupes arméniennes, ajoutant : « Cette fois, nous ne ferons pas sans Chouchi ».
👉 L’interview complète :