Gyumri, 23 août 2025 – Pour la première fois depuis longtemps, la 102ᵉ base militaire russe de Gyumri a été la cible directe d’une manifestation organisée par des forces politiques arméniennes. Environ une centaine de personnes se sont rassemblées devant l’installation, exigeant le retrait complet du contingent russe du territoire arménien.

Des slogans sans équivoque

Les manifestants, mobilisés à l’appel du parti réformateur pro-occidental « Au nom de la République », brandissaient des pancartes telles que « L’Arménie sans les bottes russes » ou encore « Seuls les soldats arméniens pour l’Arménie ».

Arman Babadjanian, figure du mouvement, a affirmé que « la base n’assure pas la sécurité, mais crée une menace intérieure ».

Pour Rouben Mehrabyan, vice-président du parti, le tournant géopolitique est clair : « Après la conclusion à Washington début août d’un projet d’accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, censé mettre fin à des décennies de guerre, la présence de cette base et d’un contingent militaire russe n’a plus de sens ». Il a fixé un objectif net : le départ total des forces russes d’ici la fin de l’année, y compris la base aérienne d’Erebouni et les gardes-frontières russes.

Une société civile de plus en plus critique

Au sein du rassemblement, de simples citoyens ont également pris la parole.

Anahit Tadevossian, 74 ans, n’a pas caché ses inquiétudes : « La Russie doit quitter l’Arménie, sinon ils commenceront à détruire notre pays comme ils détruisent l’Ukraine ».

Ces propos traduisent un sentiment de défiance croissant dans la population, nourri par l’abandon du Haut-Karabakh en 2020 puis en 2023, que Moscou n’avait pas défendu malgré son alliance militaire avec Erevan.

Une contre-manifestation pro-russe

En parallèle, une mobilisation plus modeste a eu lieu, organisée par le mouvement « Mère Arménie », favorable au maintien des forces russes. Celle-ci n’a rassemblé que quelques dizaines de partisans, bien moins nombreux que les manifestants hostiles à Moscou. Ces soutiens considèrent néanmoins la présence russe comme un garant de sécurité face aux menaces régionales.

Contexte

L’Arménie a déjà suspendu sa participation à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par Moscou. Cette manifestation s’inscrit donc dans un mouvement plus large de réorientation stratégique d’Erevan, où de plus en plus de voix réclament une souveraineté sécuritaire et militaire dégagée de l’influence russe.

📌 Source : dépêche AFP

✍️ Arménie Info

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