Les experts armĂ©niens discutent des risques et des avantages politiques et Ă©conomiques possibles liĂ©s Ă  l’obtention du statut de candidat Ă  l’adhĂ©sion Ă  l’UE et Ă  l’adhĂ©sion ultĂ©rieure Ă  l’Union. Cependant, le processus a ses propres nuances juridiques, qui ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es par l’avocat et spĂ©cialiste du droit constitutionnel Artashes Khalatyan dans une interview.

Question : Existe-t-il des obstacles juridiques Ă  l’adhĂ©sion de l’ArmĂ©nie Ă  l’UE et quel processus attend la RĂ©publique d’ArmĂ©nie dans ce cas ?

Réponse : L’obstacle à l’adhésion de l’Arménie à l’UE, en tant que telle, est son adhésion à l’UEE. Si nous suivons la voie de l’adhésion, cela signifie que nous devons quitter l’EAEU. C’est primordial.

Et le processus juridique (d’adhĂ©sion Ă  l’UE – ndlr) implique le respect des critères Ă©tablis par l’UE : c’est l’État de droit, un système dĂ©mocratique, des rĂ©formes juridiques pertinentes, et tout d’abord, cela doit ĂŞtre prĂ©cĂ©dĂ© de la fourniture de statut de candidat Ă  la RĂ©publique d’ArmĂ©nie conformĂ©ment Ă  la procĂ©dure Ă©tablie par l’UE. Il s’agit d’un processus accĂ©lĂ©rĂ©. Si nous avançons lentement, la signature de l’accord d’association pourrait avoir lieu en premier, ce qui a Ă©tĂ© contrecarrĂ© en 2013 lorsque Serzh Saargsyan a suspendu le processus d’association europĂ©en et a conduit la RĂ©publique d’ArmĂ©nie Ă  l’EurAsEC.

Si nous contournons cette Ă©tape et atteignons le stade de l’octroi du statut de candidat, alors dans ce cas, le principal obstacle institutionnel est l’adhĂ©sion Ă  l’UEE, car Il est impossible d’être simultanĂ©ment membre de deux organisations Ă©conomiques supranationales opposĂ©es, ni d’être membre de l’une et candidat dans l’autre.

Question : Que signifie l’attribution du statut de mission de l’UE pour ses activitĂ©s ultĂ©rieures en RĂ©publique d’ArmĂ©nie ?

Réponse : Le statut de la mission d’observation de l’UE en Arménie permet de créer une base institutionnelle pour diversifier le système de sécurité du pays. Lorsque la mission de l’UE est arrivée en Arménie, c’était le résultat d’un accord politique. Les garanties juridiques internationales accordées aux missions internationales ne le sont désormais que conformément à un accord interétatique. Cela signifie que désormais la mission de l’UE en République d’Arménie reçoit une subjectivité internationale.

Cela montre au niveau politique, d’une part, l’importance de l’ArmĂ©nie et de sa sĂ©curitĂ© pour l’UE, d’autre part, la volontĂ© de l’ArmĂ©nie de donner le statut institutionnel de l’UE Ă  l’Union sur terre, en tant que structure exportatrice de sĂ©curitĂ©, et troisièmement. , il montre les vulnĂ©rabilitĂ©s du système de sĂ©curitĂ© de la RA arrivĂ© en complĂ©ment de la mission d’observation europĂ©enne. Et c’est avant tout le manque de soutien extĂ©rieur Ă  l’ArmĂ©nie, qui aurait dĂ» venir de la Russie, sur la base d’un accord bilatĂ©ral, et de l’OTSC. Dans les deux cas, on voit l’indiffĂ©rence se manifester ; au niveau politique, mĂŞme certains messages de soutien sont envoyĂ©s Ă  l’AzerbaĂŻdjan. Il s’avère que l’AzerbaĂŻdjan est dĂ©sormais membre de facto de l’OTSC, car il entretient des relations institutionnelles Ă©troites avec les pays membres du bloc . Dans ce contexte, l’institutionnalisation de la mission de l’UE en ArmĂ©nie permet de gĂ©rer la situation Ă  la frontière et, au moins au niveau politique et juridique, de protĂ©ger la frontière armĂ©nienne d’une intervention.

Bien entendu, il s’agit d’un moyen nécessaire, mais pas suffisant, pour restructurer le système de sécurité de la RA. Cependant, un maillon très important dans ce processus.

Question : Le statut de candidat Ă  l’adhĂ©sion Ă  l’UE offrira-t-il des garanties pour la sĂ©curitĂ© de la RA ? L’UE assume-t-elle des obligations dans cette affaire ?

RĂ©ponse : L’obtention du statut de candidat et, en gĂ©nĂ©ral, l’approfondissement des relations institutionnelles avec l’UE sont très importants pour la RĂ©publique d’ArmĂ©nie. Dans ce contexte, je voudrais souligner la rĂ©solution extrĂŞme du Parlement europĂ©en et un certain nombre de rĂ©solutions antĂ©rieures, qui indiquent clairement le territoire de l’ArmĂ©nie – 29 800 km². Ceux. La RĂ©publique d’ArmĂ©nie est reconnue par les États membres de l’UE et par l’UE elle-mĂŞme comme une structure internationale dans son intĂ©gritĂ© territoriale, dans laquelle elle a quittĂ© l’URSS et a rejoint l’ONU et d’autres organisations. Ainsi, l’Europe a montrĂ© que l’Occident collectif reconnaĂ®t l’intĂ©gritĂ© territoriale de la RĂ©publique d’ArmĂ©nie, contrairement aux membres de l’OTSC et de l’EAEU, qui remettent en question l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’ArmĂ©nie.

Au niveau politique, il s’agit d’un message important de l’UE Ă  tous les pays qui ont des ambitions hostiles Ă  l’Ă©gard de l’ArmĂ©nie, que leur Ă©ventuelle intervention extĂ©rieure sera reconnue comme illĂ©gale par tous les pouvoirs politiques, Ă©conomiques et, pourquoi pas, militaro-politiques et militaro-lĂ©gaux. consĂ©quences.

Le statut de candidat signifie une intégration plus profonde. Et dans ce cas, une intervention extérieure contre l’Arménie signifierait une intervention contre un État faisant partie de l’espace politique de l’UE, ce qui crée déjà de nouvelles conditions préalables à la protection de l’Arménie.

N’oublions pas non plus l’assistance militaire à l’Arménie dans le cadre du Fonds européen pour la paix, qui montre également que l’Arménie s’oriente vers un rapprochement sans précédent avec l’UE, ce qui inquiète déjà l’Azerbaïdjan et la Russie.

Question : Quel avantage la libéralisation du régime des visas apportera-t-elle aux citoyens arméniens ?

RĂ©ponse : Cette question doit ĂŞtre considĂ©rĂ©e sous diffĂ©rents angles : au niveau politique, cela signifie une augmentation de la confiance mutuelle entre l’UE et l’ArmĂ©nie, car nous savons Ă  quel point l’UE rĂ©agit Ă©troitement et douloureusement aux flux migratoires. Et si un pays autorise la migration de ses citoyens dans un rĂ©gime plus libĂ©ral, cela montre dĂ©jĂ  une certaine confiance de la part de l’Europe.

L’étape suivante, bien sĂ»r, est la communication interculturelle, l’approfondissement des relations interethniques. Dans une certaine mesure, c’est mĂŞme une manifestation de diplomatie publique. Les gens Ă  diffĂ©rents niveaux pourront communiquer entre eux, le tourisme se dĂ©veloppera, etc., et en consĂ©quence, les barrières qui Ă©loignent l’Europe des citoyens armĂ©niens ordinaires s’effondreront. Une situation similaire s’est produite avec l’Iran. Aujourd’hui, cela change Ă©galement. Ce n’était pas normal de paraĂ®tre sĂ©parĂ© d’un pays voisin au niveau des nations.

L’aspect Ă©conomique est Ă©galement Ă  noter. La libĂ©ralisation des visas entraĂ®nera un rapprochement entre les partis au niveau des citoyens ordinaires. Et nous savons que nos citoyens travaillant dans des petites et moyennes entreprises doivent se familiariser avec les nouvelles opportunitĂ©s Ă©conomiques, les technologies et les nouveaux marchĂ©s. Et les visites privĂ©es dans ce cas sont très importantes.

Question : Quel est l’intérêt de l’UE envers l’Arménie ?

RĂ©ponse : L’ArmĂ©nie prĂ©sente des intĂ©rĂŞts variĂ©s pour l’UE. Premièrement, l’ArmĂ©nie constitue la frontière sud-est de l’UE. Sur le plan civilisationnel, l’ArmĂ©nie, depuis l’Ă©poque hellĂ©nistique, fait partie de la civilisation europĂ©enne. La culture et la civilisation turques, mongoles-tatares lui sont Ă©trangères. Et pour l’Union europĂ©enne, il est extrĂŞmement important, pour sa sĂ©curitĂ©, d’unir des pays dĂ©mocratiques et civilisationnellement proches. Aujourd’hui, les confrontations gĂ©opolitiques sont associĂ©es aux rĂ©gimes politiques. La dĂ©mocratie ou l’autoritarisme sont devenus un concept philosophique du dĂ©veloppement de l’État. Aujourd’hui, le rĂ©gime d’un État n’est pas seulement une affaire intĂ©rieure, mais aussi une manifestation de son choix de politique Ă©trangère. Dans ce contexte, il est important pour l’UE, dans le langage d’Huntington, dans le contexte d’une confrontation entre civilisations, de se doter du plus grand nombre possible d’alliĂ©s. D’un autre cĂ´tĂ©, l’Occident se protège du Sud et de l’Est du monde. Il s’agit de l’Iran, de l’Afghanistan, de la Chine, etc. Dans ce domaine, l’Europe a besoin d’alliĂ©s stables qui l’aideront Ă  projeter son influence dans la rĂ©gion, mais qui pourront Ă©galement l’aider Ă  ne pas perdre dans la lutte gĂ©opolitique.

Le facteur iranien est extrĂŞmement important, car il peut constituer une zone tampon unique et ne pas devenir un ennemi direct de l’Europe, comme c’est le cas aujourd’hui, et pour l’ArmĂ©nie, cela revĂŞt une importance vitale. Quoi qu’il en soit, l’UE doit crĂ©er un espace stable et sĂ»r dans une situation oĂą rester uniquement une union Ă©conomique n’est plus rentable ni impossible. L’UE tente de formuler son propre concept de sĂ©curitĂ©, sous la direction de la France et de l’Allemagne.

Les citoyens armĂ©niens reprĂ©sentent Ă©galement un potentiel Ă©conomique important sur le marchĂ© du travail. L’UE peut investir plusieurs millions de dollars en RĂ©publique d’ArmĂ©nie, et grâce aux connaissances technologiques et aux diplĂ´mes, les citoyens de la RĂ©publique d’ArmĂ©nie pourront trouver une main d’Ĺ“uvre, et le dĂ©veloppement technologique est important pour la RĂ©publique d’ArmĂ©nie.

Il est Ă©galement important pour l’Occident de contenir la Turquie, qui a Ă©tĂ© et reste un partenaire dĂ©loyal de l’OTAN. Comme on le disait au Moyen Ă‚ge et Ă  l’époque moderne, la Turquie est l’homme malade de l’Europe. La Turquie poursuit sa politique peu fiable et tente de convertir son potentiel militaire en augmentant sa puissance politique, ce qui n’est pas souhaitable pour l’Occident. Et l’ArmĂ©nie a un rĂ´le important Ă  jouer dans le maintien de l’équilibre des pouvoirs dans la rĂ©gion et dans le confinement de l’AzerbaĂŻdjan, qui est une crĂ©ature russo-turque.

By Raffy

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