Interview d’Emma Begijanyan , experte associée de l’ Institut national d’ économie, iranologue .
Téhéran et Bakou, qui entretenaient des relations très tendues, ont désormais décidé d’approfondir leurs relations militaires. Le ministre azerbaïdjanais de la Défense, Zakir Hasanov, a effectué une visite officielle à Téhéran et a rencontré des responsables iraniens, dont le président Ebrahim Raisi. Cette décision est-elle un tournant ?
Ce n’est pas un tournant. Il y a environ une semaine, le ministre iranien des Transports était en Azerbaïdjan. Même Ilham Aliev ne l’a pas reçu, il a parlé à distance. Ils savent très bien que c’est de la diplomatie pour éviter de tendre davantage les relations.
Je ne pense pas qu’il peut y avoir de relations stratégiques entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Ce dernier se montre plus actif, fait des efforts pour montrer que même l’Iran n’est pas du côté de l’Arménie. C’est peut-être l’unique but.
Ils ne font qu’intensifier les relations politiques, dans ce contexte, les visites mutuelles deviennent plus fréquentes. Des milliers de protocoles d’accord et d’accords ont été signés avec l’Arménie et rien ne s’est passé. Il en va de même pour l’Azerbaïdjan. Il s’y emploie autant que possible, pourvu que nous craignions cette pleine réconciliation. Ils veulent montrer que le monde entier est à leurs côtés.
Le seul pays qui a protesté contre l’ouverture du soi-disant corridor était l’Iran, qui a déclaré qu’il était contre ses intérêts stratégiques. Maintenant, c’est peut-être un stratagème de l’Azerbaïdjan pour attirer l’Iran à ses côtés et construire ce couloir. Mais je ne pense pas que l’Iran acceptera jamais cela.
En d’autres termes, l’Azerbaïdjan tente de tout retourner contre nous, peu importe à quel point nous voulons la paix.
Est-ce à dire que Bakou s’intéresse aux produits de l’industrie militaire iranienne ?
Soit dit en passant, l’Azerbaïdjan s’intéresse davantage à l’arsenal israélien, qui est l’un des meilleurs au monde. La Russie donne toutes sortes d’armes à l’Azerbaïdjan, tout comme l’Occident. Mais en bonne dictature, l’Azerbaïdjan vise vraiment à doter son armée de toutes sortes d’armes disponibles, même pour le plaisir de les posséder. Alors oui, peut être veut-il peut être tester des armes Iraniennes.
L’Iran et l’Azerbaïdjan sont entrés dans une nouvelle phase de leurs relations. Sont-ce seulement des mots, est-ce si sérieux ?
Cette thèse de la « nouvelle phase des relations » en ces 30 ans de relations Iran-Azerbaïdjan, ce n’est pas la première fois qu’elle est sortie du chapeau.
Il y a eu ce qu’on appelle « l’entrée dans une nouvelle phase » dans le passé, mais dès que quelque chose se produit, dès que l’Azerbaïdjan essaie à nouveau de faire un pas contre les intérêts de l’Iran, l’Iran réagit de manière adéquate.
L’Iran ne dort pas, il discerne parfaitement les activités du Congrès mondial des Azerbaïdjanais, ils voient que l’Azerbaïdjan attache une grande importance à l’opposition irano-azerbaïdjanaise, qui est sous l’influence des Turcs, l’Iran ne peut pas l’ignorer. Comment des relations fraternelles peuvent-elles subsister dans des conditions de méfiance mutuelle ? Ils sont liés par l’islam chiite chiite, dont Aliev ne se soucie pas.