Interview du politologue d’Artsakh Zhirayr Azizyan par Mariam Grigoryan

– M. Azizyan, lors de la séance du gouvernement, le Premier ministre Pashinyan a parlé de la nécessité de signer un accord de paix avec l’Azerbaïdjan, mais a en même temps noté que l’Azerbaïdjan avait l’intention de lancer de nouvelles provocations en direction du Haut-Karabakh ; il y a une telle possibilité à la frontière arméno-azerbaïdjanaise. Quelles sont vos observations sur ces déclarations ?

– Il est clair qu’en Arménie comme en Azerbaïdjan, tout le monde est favorable à la signature d’un accord de paix. Mais il faut comprendre ce qu’on entend par paix de part et d’autre de la frontière, car les perceptions de la logique du concept de paix sont contradictoires des deux côtés. Bien sûr, nous devons suivre la voie de la paix, l’alternative est la guerre, à laquelle je pense que personne n’est favorable. 

Cependant, dans les conditions où la partie azerbaïdjanaise provoque manifestement et essaie constamment de spéculer sur le fait que l’Arménie n’est pas prête, n’accepte pas les termes de l’accord de paix qu’elle propose, il est même impossible de parler du contenu de cet accord et de la conséquences. Par conséquent, nous devons dire clairement que ces provocations de l’Azerbaïdjan aujourd’hui doivent être empêchées,

– Et quel est le but de telles provocations de l’adversaire, à quoi peuvent mener des provocations locales ?

 L’Azerbaïdjan a essayé, essaie et essaiera de nous maintenir sous pression dans un proche avenir par ces provocations. Ce n’est un secret pour nous ni pour l’ennemi que nous avons un système de sécurité plus faible après 44 jours de guerre, il est très vulnérable. Par conséquent, ils essaient d’imposer leurs conditions par des pressions sur le contenu potentiel du traité de paix. 

Nous ne devons pas céder à ces provocations, notre condition préalable doit être de mettre un terme à ces provocations. La candidature à l’OSCE n’était pas fortuite, l’OSCE devait se porter garante et forcer la partie azerbaïdjanaise à mettre fin à ces provocations. En d’autres termes, une atmosphère sera créée auquel cas il sera possible de négocier sur le contenu du traité de paix.

– Mais quelle est aujourd’hui la viabilité du groupe de Minsk dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne, de quels leviers dispose-t-il ?

– C’est l’autre côté de la question. Cela dépend des leviers que les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE peuvent utiliser pour s’abstenir de telles provocations contre l’Azerbaïdjan. Et nous savons qu’ils ont ces leviers. La question n’est pas de les avoir ou non, mais de la possibilité de les utiliser. Les coprésidents du groupe de Minsk utiliseront-ils ou non ces leviers ? Tant économiquement que politiquement, l’Azerbaïdjan n’est pas indépendant, il est clair que la France, les Etats-Unis et la Russie peuvent avoir leur influence s’ils le veulent, si c’est dans leur intérêt.

Nous devons également comprendre qu’il existe des conflits d’intérêts au sein du Groupe de Minsk de l’OSCE. Il est nécessaire d’examiner la question du point de vue de la combinaison de ces intérêts, de savoir si les intérêts de ces pays peuvent s’opposer à un moment donné et quel sera ce moment.

– Pashinyan a également parlé de la nécessité d’enquêter sur les activités ou l’inaction des casques bleus russes. Comment expliquez-vous ce mécontentement ouvert et cette rhétorique acerbe, quelles en sont les conséquences ?

– Les déclarations dures sont conditionnées par les actions des casques bleus russes, elles sont tout à fait naturelles. Nous savons que la partie russe est responsable de la situation actuelle dans la section Parukh-Karaglukh. Au départ, lorsqu’il y a eu une proposition de retrait miroir des positions du contingent russe de maintien de la paix, cela a été fait avec la garantie qu’ils y auraient une présence permanente. 

Cependant, après le retrait des positions, le contingent russe de maintien de la paix n’a pas assuré sa présence, l’unité a été retirée de la zone, raison pour laquelle la partie azerbaïdjanaise a pénétré et occupé la zone sans rencontrer de résistance, sans tirer. Il est évident que ce cas mérite d’être étudié. Il y a des inquiétudes et des doutes. Avant le point culminant de la tension dans les relations russo-ukrainiennes, on a vu des provocations en Artsakh en direction de Khramort avec différents types de fusils, lance-grenades et lance-grenades. 

L’Azerbaïdjan a violé les dispositions de l’accord trilatéral, c’est-à-dire qu’il a eu recours à des provocations évidentes depuis lors. Il faut comprendre qu’aujourd’hui, dans le cadre de ce conflit d’intérêts politiques, l’Occident, en la personne de l’Azerbaïdjan, va tenter le deuxième front dans le Caucase du Sud. 

Nous savons que la Turquie a toujours cherché à faire du Caucase du Sud sa sphère d’influence. Le seul obstacle était l’Arménie, le contrôle des Russes à la frontière et maintenant la présence des casques bleus russes au Karabakh. Il est naturel que la Turquie essaie à tout prix de chasser la Russie de cette région, et dans ce cas, elle a le soutien évident de l’Occident. 

Nous avons assisté à la visite du ministre britannique de la Défense à Bakou, ce n’est pas un hasard. Cela se fait dans le contexte de contradictions évidentes dans les relations entre la Russie et l’Azerbaïdjan, qui est une tentative de se cacher officiellement. Bien sûr, pas sous la forme d’annonces à la première personne, mais pas moins sous la forme d’annonces faites au niveau officiel.

– Soit dit en passant, cette visite en Artsakh a été reçue négativement, il est même mentionné qu’elle est manifestement contre l’Artsakh. Êtes-vous d’accord?

– C’est définitivement contre l’Artsakh, que la visite est conditionnée par la situation géopolitique créée aujourd’hui, par la vision de former un nouvel ordre mondial. En d’autres termes, l’Occident essaie aujourd’hui d’utiliser l’Azerbaïdjan pour ouvrir un deuxième front dans la région. La Turquie l’utilisera, posera ses conditions avant la Russie. 

« Il est clair que la #Russie n’est pas en situation de pouvoir entrer en guerre sur deux fronts avec des options favorables. Confrontée au dilemme de céder au tandem turco-azerbaïdjanais ou de laisser se former un second front, la partie russe devra faire des concessions. Ce qui se passe aujourd’hui dans la section #Parukh-#Karaglukh s’inscrit tout à fait dans cette logique. »

By Raffy

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